Les nouvelles gloires locales de Bordeaux dépassent tout juste les vingt ans et se nomment Be Quiet. Déjà responsables en 2013 d’un premier EP appelé Primal plutôt bien accueilli par la critique (Magic, les Inrocks), ils ont récidivé début 2014 avec une deuxième galette intitulée Affliction.
Si sur Primal, le morceau « Infancy » jetait d’énormes oeillades avec ses rythmiques en direction du « Blue Monday » de New Order, sur Affliction, l’electropop de « Function », le titre d’ouverture louche franchement sur Depeche Mode: boucle hypnotique portée par des nappes de synthétiseurs époque Violator (pas la période la plus dégueulasse du groupe de Basildon, vous en conviendrez). La voix y est indolente, légèrement handicapée par son accent français mais évitant heureusement le putassier vocoder traditionnel des hymnes synthpop des années 80. Sur « Zelda (Symmetrical Corrosive Requirement) », les vocalises s’affirment doucement pour sonner timidement crooneuses. Le titre dévoile le coté plus rock du groupe cachant intelligemment la longue progression du morceau vers un enthousiasmant final instrumental et nerveux long de plus de deux minutes. « Gotham » avec ses distorsions de guitare, sa voix peu à peu noyée dans le mix, renifle à plein nez la noisy pop des années 90 et reflète sans doute le mieux l’équilibre guitares et synthétiseurs recherché par le groupe, tout comme « Asylum » qui termine classiquement le disque avec un instrumental tirant vers l’ambient lentement contaminé par le bruit comme un résumé du EP.
Définitivement plus new-wave et noisy pop qu’absolument shoegaze ou post quoique-ce-soit, Be Quiet révèle une bonne dose de talent mais ne semble pas encore sans avoir encore totalement identifié sa personnalité. Le caractère juvénile de l’inspiration transparait en premier lieu et de manière évidente au niveau des titres des chansons balançant entre références aux jeux vidéos (« Zelda ») et à Batman (« Gotham », « Asylum ») sans que cela ne soit péjoratif vis-à-vis de la qualité ou du sérieux des compositions. Néanmoins, on aurait préféré un peu moins de rondeur dans la production et encore plus d’angles droits et d’aspérité, plus de borderline, de nervosité et moins d’application tant on sent parfois le groupe attiré par un univers un peu moins poli et plus bruitiste. Le moteur de Be Quiet est flambant neuf, bien huilé; reste maintenant à appuyer sur l’accélérateur pour flamber sur l’autoroute.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.