Ce n’est en rien une surprise mais force est de constater que la bonne musique a souvent plus de facilités à traverser la Manche ou même l’Océan Atlantique pour arriver dans l’Hexagone qu’à passer les péages du tunnel du Mont-Blanc. Les italiens de Diverting Duo, le groupe composé de Sara Cappa et Gianmarco Cireddu, ont donc emprunté de sacrés chemins de traverse pour arriver jusqu’à nos oreilles: en l’occurrence le dernier album de Sun Glitters appelé Scattered Into Light (dont nous vous parlerons peut-être bientôt) sur lequel Sara non seulement chante mais en a aussi profité pour piquer notre curiosité au sujet de son autre projet soit notre obsession transalpine du jour. Après deux albums les voyant progressivement évoluer d’une folk-pop minimaliste et lo-fi (Lover/Lover) vers une dream-pop électronique marquée par l’utilisation de synthétiseurs vintage (We lend you a memory), Diverting Duo a sorti un EP quatre titres intitulé Fade/Rise disponible depuis le 24 Décembre en téléchargement gratuit sur le site du label japonais Totokoko (ICI).
Conçus à l’origine comme des instrumentaux destinés à illustrer un film d’animation, les deux premiers morceaux du EP ne mentent pas sur leurs penchants filmiques. Puisqu’avec la voix cristalline de Sara et leurs longs synthétiseurs traînant des pieds à la Angelo Badalamenti, ils semblent indiquer tout droit la direction d’un Twin Peaks qui aurait été repensé en mode Super 8, image tremblotante et point mal ajusté. Mais si « Fade/Rise » perd son regard dans les ténèbres dans lesquelles baignent ses pieds et se laisse doucement transporter, « Lucky Boy » relève le menton avant de s’élever très haut sur une série de notes au piano (« You’ve found a house on a cloud« ) tout en conservant l’angoisse du vertige (« but when you’re sleeping will you fall down?« ). De toutes évidences, les deux morceaux avec leur champ lexical naturaliste et leurs sonorités partagent un univers commun et se complètent comme les deux faces d’une même pièce: l’eau y tutoie le ciel et les rêves se nourrissent de l’obscurité. Tandis que « Fade/Rise » et « Lucky Boy » prenaient leur temps pour déployer leur structure, les deux dernières chansons, d’ailleurs déjà présentes sur le second album du groupe, sont formatées et sonnent bien plus pop en comparaison: « Home » charme d’emblée avec sa voix légèrement autotunée et sa mélodie rafraichissante comme un retour vers l’enfance tandis que « Outset » s’appuie sur les poussées vocales de Sara qui sonnent parfois comme un lointain écho d’une icône islandaise bien connue.
Avec leur esthétique DIY débordant jusqu’aux coins de la pochette, Diverting Duo diffuse une tranquille et intimiste shoegaze électronique. Malgré le manque de moyens et le grain épais et surexposé de l’image, leur musique parvient continuellement à laisser poindre un rayon de lumière scintillante et onirique, transcendant leur naturalisme avec une chaude et gracieuse harmonie.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.