Victor Ferreira, Luxembourgeois d’origine portugaise, a choisi pour nom d’artiste Sun Glitters; un patronyme qui, après l’écoute de sa lumineuse dream-pop presque uniquement construite à grands coups d’électronique et de ricochets sonores, apparaît comme une simple évidence. Mais c’est un rayonnement à reflets colorés et délicat qui agite sa musique devant nos mirettes, une luminosité inoffensive qui ne grille pas les yeux et ne provoque pas de mélanomes. Tout porte aussi à croire que Ie bonhomme souffre d’une boulimie créatrice, puisqu’il a aligné sans discontinuer depuis deux ans et son premier album Everything Could Be Fine, des singles, remix et a réalisé des expositions photos. Accompagné pour l’occasion de la chanteuse des tout à faits dream-pop italiens Diverting Duo (dont nous avions repéré le dernier EP voici à peine quelques semaines), Sara Cappai, Ferreira a sorti ce mois-ci son second album intitulé Scattered Into Light.
Comme de bien entendu, le disque débute par une invitation au départ: « When the Train Comes » soit l’écho musical d’un voyage ferroviaire fantasmé dans lequel l’impression de langueur et le caractère hypnotique sont conservés par l’intermédiaire de répétitions de sonorités et de mots comme l’entrechoc régulier du rail contre les rames. Si certains gimmicks musicaux ont parfois tendance à agacer (ces samples de chants d’aborigènes comme un copier / coller de ceux utilisés une quinzaine d’années plus tôt par un Deep Forest de triste mémoire sur « I, You, We… Know », ou ces beats vocaux estampillées house nineties sur « Three, Four Days »), les vacillements réguliers de synthétiseurs, la fragilité cristalline et l’équilibre précaire de l’oeuvre accrochent l’oreille pour déplacer irrémédiablement l’auditeur vers un dépaysement intérieur. Ce dernier s’esquisse sur des espaces restreints dans lesquels la danse poussée par des syncopes veloutées cherche à remuer les synapses plus que les pieds. En respectant toujours un format pop, les chansons se dispersent en autant d’ersatz lumineux et délicatement éphémères (« Soft Breeze », « Lonely Trip » et « Only You ») ou s’efforcent d’effacer entre deux respirations la frontière entre l’articulé et l’immatériel (« Scattered into Light » et « When The Sun Goes Down »), découvrant les ficelles musicales reliant la synth pop et l’ambient, le r&b et la tech-house. Et lorsque le rythme se fait vraiment atmosphérique, la mélodie lancinante et presque paresseuse, quand le temps semble soudain suspendre son vol, que « Closer to the Sun » se réduit à un dépouillement presque uniquement sensoriel, que « Feeling Young » préfère ralentir sa boucle pour mieux reprendre son souffle et repartir de plus belle, lorsque la version acoustique de « Too Much to Lose » ressuscite une modeste et émouvante folktronica imaginée à partir de rien (une guitare et trois petits samples), le fantôme finit de s’extirper doucement de sa coquille d’électronique pour rayonner d’un mystère resplendissant et apaisant.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.