Sortie de ce petit label / collectif « A Tant Rêver Du Roi » à qui l’on doit déjà le très bon album – un peu plus récent – de Tapetto Traci, voilà le très justement nommé Heavy de Kourgane, quartet atypique, barré et multicolore. Sorti courant 2008 et présenté dans un bel écrin, un très beau digisleeve sérigraphié au travers duquel un oeil effrayant nous fixe, nom du groupe inscrit en lettres sanglantes et dégoulinantes, l’album se livre à nous. Allez hop, on s’assoit et on appuie sur play.
Dès les premières secondes, l’univers de Kourgane captive. Ceux qui connaissent déjà le savent bien, ces quatre types n’ont pas peur du mélange, jetant dans leur marmite jazz, rock incisif, noise brutale, cassures de rythme, mesures tranchées. Leur musique tient autant de Fugazi que de John Coltrane. Et en allant plus loin, en écoutant les textes hallucinés (en Français – assez rare pour être souligné) de « Chemin Blanc », qui semblent autant jouer sur la musicalité des mots que sur l’étrangeté de leur sens, ou bien « Coven Ambré » , ses guitares pointues, ses soubresauts rythmiques, on se dit que Kourgane a trouvé la formule exacte d’une musique rock intelligente, racée, et en même temps incroyablement primitive, sensorielle, et sauvage. Peut être parce que toute l’énergie qui s’en dégage semble contrôlée, mesurée et canalisée. Le chant rauque, sur un fil rouge tendu encore une fois entre noise mélodique et spoken word, jouant lui aussi de variations subtiles, apporte sa pierre à un édifice de punk rock bestial et raffiné, bien savamment construit.
Le disque ne souffre d’aucun temps mort, pas un seul morceau ne se révèle ennuyeux, « trop » ou « pas assez », chaque baisse de rythme semble tomber à point nommé. Kourgane n’en est pas à son premier essai, et c’est pourtant grâce à ce disque que je les découvre. Si c’est aussi votre cas, ne faites plus attendre votre plaisir, Heavy est une tuerie. Pas besoin d’en dire plus.
En écoute : « Coven Ambré »
[audio:http://www.atrdr.net/artistes/kourgane/mp3/Coven_Ambre.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).