Sur un site communautaire maintenant mondialement reconnu, et la page d’un ami qui y avait posté une vidéo de The XX, on pouvait lire en commentaire il y a quelques jours, « enfin un groupe hype digne d’intérêt ». Hype, parce qu’on entend parler du quatuor londonien un peu partout, depuis leur reprise du tube eighties « Teardrops » (celui de womack & Womack, hein, pas celui de Massive Attack) et que la plupart des dates de leur première tournée européenne sont sold-out. Digne d’intérêt? Certainement. J’y viens.
Parce que c’est vrai, il faut l’avouer, il y a un charme certain qui se dégage du premier disque de ce groupe. Peut être parce qu’on avait pas entendu depuis longtemps une pop aussi décharnée, habillée d’une boîte à rythme simpliste sur laquelle la guitare discrète, complexée, livrerait presque ses notes au compte-gouttes. Et pourtant, à aucun moment l’instrumentation ne manque de corps, ou de présence. Peut-être est-ce grâce à une basse filigrane, omniprésente (« Crystalized ») ou au duo de voix masculin / féminin – deux voix fluettes et veloutées – qui participe grandement à forger l’identité vocale des chansons du disque. Deux voix fragiles, comme le confesse Oliver Sim (chant) : « Il nous fallait concevoir une musique qui ne nous écrase pas ».
Avec ces ingrédients de base plutôt exotiques, les quatre jeunes gens (vingt ans ou pas beaucoup plus) élaborent une mixture étonnante de pop, de cold wave, de disco, d’électro (« Basic Space », génial), un mélange totalement inclassable quelque part entre les antipodes des influences qu’ils citent non sans un certain humour sur leur page myspace : Aaliyah et CocoRosie, Rihanna et The Cure, Missy Elliott et The Kills, Mariah Carey et les Pixies. Mariages incongrus de sonorités antagonistes, dont témoignent les beats, les claviers flottants, les multiples changements d’atmosphère (comme sur l’excellent « Heart Skipped a Bit », titre littéralement ambidextre)… L’univers dépeint par The XX se mue, de désert urbain ravagé par le froid, en salles sombres et cosy, faiblement élairées par des lumières mouvantes et multicolores. Tout au long du disque les quatre jeunes gens semblent marcher sur des oeufs, faisant pourtant preuve d’une réelle maturité musicale, jouant autant sur la discrétion de leur mélodies que sur leur spontanéité et leur caractère immédiat. The XX est comme un fil tendu, qui s’écoute de bout en bout sans qu’on voie s’en écouler les minutes. Ne vous fiez pas au danger dont pourrait vouloir vous prévenir sa pochette – le seul que vous risquez, c’est de devenir accro à ce disque.
En écoute : « Heart Skipped a Bit »
[audio:http://8106.tv/blog/audio/2009_09/Garden of Delights/05 Heart Skipped A Beat.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).