Loading...
Disques

Jónsi & Alex / Riceboy Sleeps

090818aL’amour de la musique crée des liens, c’est un fait. Mais parfois la réciproque est vraie. Ici, c’est l’alliance de Jónsi Þór Birgisson, vocaliste et figure de proue de Sigur Rós, et de son compagnon à la ville Alex Somers (membre fondateur de Parachutes, travaillant également sur les visuels de Sigur Rós, artwork et covers, depuis l’album Takk) qui est à l’origine de ce projet, et de ce disque intitulé Riceboy Sleeps. Si on connait le talent de Birgisson pour jouer sur la corde sensible de l’émotion, et si tant au niveau des ambiances visuelles que sonores on est en terrain connu, l’album se révèle pourtant assez différent de ce à quoi on aurait pu s’attendre.

Laissant libre cours à une volonté clairement affichée d’expérimentation, jouant avec les sons et les bruits (cliquetis, froissements de papier, craquements, bruits d’animaux, vent, vagues…) échafaudés sur des lits de longues nappes de clavier, de guitares et de cordes, Jónsi & Alex bricolent, jouent à superposer les notes et les ambiances pour en prélever toute l’essence. En suivant une recette plutôt minimaliste certes, mais subtilement élaborée, dans laquelle viennent se mélanger émotion, onirisme, mélancolie et beauté claire-obscure.

Libéré de presque toute forme de cloisonnement rythmique, le disque se déroule paisiblement, avec légèreté, trame longiligne et étirée supportant tour à tour un piano discret (rappelant parfois les récents travaux d’Eluvium comme sur « Stokkseyri »), des chœurs quasi-religieux (« Boy 1904 »), des violons aux cordes enchevêtrées à la voix de Jónsi qui cette fois évoque Sigur Rós de façon assez évidente (« Indian Summer »), ou encore des nappes de guitares jouées à l’archet. Le silence, lui aussi, joue parfois son rôle de catalyseur au sein des compositions construites par le duo, s’immisçant dans les accalmies progressives, assistant en coulisse les transitions d’un brouillard vers un autre. Savamment orchestrée, l’expérimentation débouche sur un album d’une beauté certaine, peut-être pas rare, ni précieuse, mais naturelle, pure et sincère sans aucun doute. Riceboy Sleeps et ses atmosphères contemplatives respirent les étendues froides et vertes, la rosée du matin, la buée sur les fenêtres. C’est un disque dépaysant et fascinant, qui se révèle au final bien plus qu’une simple parenthèse entre deux albums de Sigur Rós.

En écoute : « Hapiness »

[audio:http://blog.ipickmynose.com/mp3s/2-11%20Happiness.mp3]
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.